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Sérendipité, parfois, il faut se perdre pour trouver ce que l'on ne cherche pas.
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"Cet arbre né aveugle, avait donc déroulé dans la nuit sa puissante musculature et tâtonné d’un mur à l’autre (…).
Le drame s’était imprimé dans ses torsades…" *
Comme une métaphore de la vie, cette série (In)Visible, trace un parcours initiatique en
relief
et en noir et blanc.
De la naissance à l’ultime métamorphose, des jours heureux aux embuches, des aléas,
des migrations, des adaptations nécessaires, l’impermanence se dessine en fil rouge.
Ces pans de vie touchent et émeuvent.
Sa photographie s’estompe pour laisser simplement exister le «moment» que l’on peut retenir et prolonger, car on le sait fugace…
En chaque scène se développe un espace spirituel, riche de rêverie, de réflexion et de poésie incitant à se faire sa propre histoire intime.
Il transforme une vue parfois ordinaire en un paysage porteur d’émotions et d’états d’âme.
Il met l’accent sur la perception et l’interprétation des formes, ici une main, là un loup à l’affût ou encore…
À vous de découvrir…
«On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux» **
J’avais envie pour cette série de retrouver la matière de la photographie.
J’avais envie de créer des œuvres uniques, impossible de reproduire deux œuvres parfaitement identiques.
J’avais envie de suggérer des choses, d’insuffler des idées, de parler de choses qui me touchent.
Après de nombreux tests et recherches, c'est la technique de l’embossage à froid qui m’a séduit.
J’ai choisi le noir et blanc, comme un symbole de l’entre-deux, entre deux mondes, entre deux cultures, entre deux peuples, entre l’ombre et la lumière, mais dans le noir il y a du gris, des gris comme dans la vie.
Les grandes zones blanches sont comme des rapports de forces et de tension,
entre vide et plein, ou encore des silences.
Un silence qui ne serait pas un temps mort, mais une musique une invitation à méditer sur l'absence de silence, de lenteur, d'espace vide et de liberté.
Titre : Origine
Si tu te sens nul
Penses que sur des milliers
Tu fus le premier
L'auteur:
Alain Gesbert Bonnet (2017)
Un gland de chêne germé évoquant le BipBip des studios Warner Bros est photographié sur fond noir.
Des spermatozoïdes, des coyotes, poursuivent la graine.
Ils ont été créés en enlevant la couche supérieure du papier photographique.
Ce sera la seule photo de la série, ainsi avec un fond noir. Le noir évoquant l'avant-naissance. C'est peut-être pour cela que l'on oublie que nous avons été le meilleur.
Titre :Simple
Ce printemps dans ma cabane
Absolument rien
Absolument tout
L'auteur:
Takano Suju ( 1893-1976 )
Un cyprès fastigié, près d'un cabanon entouré d'avoine folle.
Un cercle est embossé en haut à droite.
Titre :Départ
Caché des arbres
Sur les talus au printemps
Si fragile
L'auteur:
Alain Gesbert Bonnet (2017)
Une passerelle en bois se perd dans le fond de l'image. Une pomme de pin au premier plan à gauche, crée un point d'entrée, le regard suit le bord de la passerelle qui devient flou. Dans le flou du bosquet se dessine en ombre chinoise, la silhouette menaçante d'un loup.
Embossé, un oiseau insouciant suit la passerelle.
Le départ de la maison est inévitable. Même le chemin tracé peut se révéler surprenant. Les choix, les options sont le chemin que chacun doit parcourir.
À propos des chemins, un sage est assis à un croisement. Un novice arrive, demande quel chemin, il doit prendre. Devant le mutisme du sage, il décide d'attendre. Un deuxième arrive, pose la même question, le premier indique un des chemins. Un autre chemin est indiqué au troisième, et puis le quatrième prend la dernière option.
Le second revient dévalisé, le troisième revient molesté. Le quatrième ne revient pas.
Notre novice se lève et dit :
"je sais maintenant quel chemin je dois prendre", et s'en va.
Le sage secoue la tête et dit :
" Quelle erreur, il est des chemins dont on ne revient pas."
Titre :Héron
Sous la pluie d'été
Raccourcissent
Les pattes du héron.
L'auteur:
Matsuo Basho ( 1644-1695 )
Au bord d'un lac, un arbre accueille des oiseaux en son sein.
L'embossage du héron est à droite de l'image les pattes dans l'eau.
Une scène d'apparence idyllique pourrait se transformer sous un orage d'été…
Titre :Danger
Une fleur tombée
Remonte à sa branche
Non, c'est un papillon
L'auteur:
Takahashi Mutsuo ( 1452 )
D'un tronc de cerisier tombe un fil de fer barbelé qui a la forme d'un serpent.
Un papillon embossé se retrouve devant la gueule du reptile…
Le serpent peut-être perçu comme une menace ou une protection comme en Asie?
À vous de décider…
Avons-nous une lecture neutre ou utilisons-nous nos références ?
Dans ce cas, l'incompréhension ne viendrait-elle pas d'un manque de références ?
Titre :Cycle
Printemps, été
De bons moments-automne
L'hiver arrive.
L'auteur:
Alain Gesbert Bonnet (2017)
Un platane trône au milieu de la route qui file vers le fond de la photo.
À droite, une flèche signale la possibilité de tourner à gauche, et à gauche, une flèche autorisant à bifurquer à droite.
Au point focal des bas-côtés sont embossées deux portes ouvertes.
Sur cette route toute tracée, se dirigeant vers les portes, les flèches permettent des choix.
Titre :Labeur
Qui se soucie de regarder
La fleur de la carotte sauvage
Au temps des cerisiers
L'auteur:
Takano Suju ( 1893-1976 )
Un pin parasol, derrière le mur de la propriété, une arche en construction pour accueillir le futur portail.
Des oiseaux venant de loin sont embossés dans la matière.
Souvent, nous nous ébahissons devant des monuments, en oubliant tous ceux qui sont venus de loin pour les construire.
Titre :J'ai froid
Sur ce tableau de bombe atomique
Comme moi, les morts ouvrent la bouche
J'ai froid.
L'auteur:
KATO Shuson
(1905-1993)
Un palmier surgit de derrière un mur.
Le bouquet de feuille est surmonté par l'incrustation d'un champignon de bombe atomique.
Lors de la préparation de la photo, surgie au-dessus du mur, une main noire, crispée, me remémorant d'étranges images qui me firent froid dans le dos.
Parfois j'ai honte d'être un humain.
Titre :Migration
Sans souffle d'amour
je suis voilier sans vent
sur mes eaux stagnantes
L'auteur est anonyme
Sur un paisible lac, près d'une île couverte d'arbres séculaires, des pêcheurs dans deux barques. Les montagnes se perdent dans le brouillard matinal.
Les oiseaux embossés plongent dans l'eau et se transforment en poissons.
L'influence de MC Escher est évidente. Au cours de mon adolescence, j'avais été étonné de la créativité de cet artiste peintre.
La mémoire est étonnante parfois.
La migration des oiseaux comme un parallèle de la migration des hommes.
Certains verront la mutation en poisson de façon funeste, d'autres verront la nécessité de se fondre dans le pays accueillant…
Titre :Fragile
La lumière des arbres
Sur les talus de février
Si fragile.
L'auteur:
Yamaguchi Sodo ( 1642-1716 )
Le grillage est créé par l'embossage, et certaines mailles se transforment en oiseaux
La forme du pin noir fait penser en bonzaï, (un bonzaï géant MDR).
Cela m'a toujours fasciné, les efforts que l'homme déploie contre la nature,
et encore plus fasciné l'énergie pour la recréer dans les endroits le plus incongrus.
Par exemple, dans des pots à bonzaï, dans des serres exotiques, parcs à animaux ou peinture d'arbres sur les façades d'immeuble…
Titre :Angélus
Déjà je l'imagine
Tombant sur mon cadavre
La neige
L'auteur:
Aratika Moritake ( 1452-1549 )
Une photo prise après les incendies de 2016. En vis à vis, comme sur le célèbre tableau de Jean-François Millet, à droite un piquet rouillé en forme de croix, à gauche une branche calcinée pointe vers le ciel. Entre les deux, un petit bonhomme se balance entre les brindilles. Quelquefois, l'imagination nous joue des tours.
Nous retrouvons notre cercle, qui est à gauche, en coucher de soleil.
C'est l'avant-dernière photo de la série, le soleil décline sur l'horizon.
Le tableau fascine Salvador Dali, qui demande au Louvre de le radiographier. Cela révèlera un rectangle noir sous le panier, que le peintre surréaliste interprétera comme un cercueil.
Titre :La fin est le début du commencement
Dans la profondeur des bois
Le pivert
Et le bruit de la hache
L'auteur:
Yosa Buson ( 1716-1783 )
Une souche d'arbre déraciné git sur le sol.
Ses racines s'élèvent vers le ciel. L'embossage permet l'ajout d'un livre, agitant ses feuilles comme des ailes, suit le même mouvement.
L'impermanence présente dans cette série prend ici encore plus de sens.
La mutation du bois en livre n'est qu'une étape.
Son envol, ou le départ de l'âme, de l'esprit ou quelque soit son nom est présent dans beaucoup de culture.
La fin est bien le début…
Vous pouvez revoir la série de photo avec ce nouvel éclairage.