Mer de nuages, cette chimère !
♫♪ ♫♪ ♫♪ ♫♪ J’ai des frissons, je claque des dents et je monte le son…♫♪ ♫♪ ♫♪ ♫♪.
le calme règne, la douce fraicheur de la nuit envahit la chambre par la fenêtre entrouverte. Les voilages, choisis avec soin par notre hôtesse Jira, dansent et créent des ombres chinoises mouvantes et envoutantes, dans mes souvenirs d’enfance, certaines terrifiantes.
Pourquoi se réveiller si tôt ? 🌅


La veille
À Chumphon, notre ami Sorn, sportif énergique, petit gabarit, sourire franc, yeux noirs au regard direct, enchaine les activités sans fatigue apparente. Avant le lever de jour, il parcourt en courant ou à vélo les chemins de sa région natale, puis il va s’occuper du jardin jusqu’à l’arrivée de ses ouvriers. Il trouve le temps de finir sa maison qu’il a construite et réalisée avec beaucoup d’astuce et d’inventivité. Comme ça ne suffit pas, il prend des photos avec son téléphone avec un certain talent.
La veille au soir, autour de la traditionnelle Singha

Talent caché
il nous montre :





Comment cacher notre plaisir et notre surprise en regardant cette mer de nuages ?
Devant notre enthousiasme, avec un sourire modeste, il nous propose de l’accompagner le lendemain, pour nous montrer les lieux de ses prises de vue.
Donc ce matin-là
Et voilà ! je me retrouve, avant l’aube, à admirer le ballet imaginaire des silhouettes au plafond de la chambre.
Un rapide café brulant, et nous montons dans le pickup.
En chemin, je complète par quelques photos, la série, « Nettement flou » (à découvrir ici), débutée en Isan, et qui trouvera son terme lors de notre dernier transfert pour l’aéroport. Malgré l’heure matinale, de toutes parts, des lumières bleutées ou orangées percent les ténèbres, la campagne s’éveille.
Nous parcourons son itinéraire sportif habituel en voiture, je le soupçonne d’un peu de pitié pour nous (~_°).
Mais non, je me fourvoie, pas de compassion…
Nous descendons de notre véhicule garé près d’un charmant petit lac.

Devant nous, Sorn attaque l’ascension du sentier, la pente raide ponctuée d’ici de là d’escaliers tout aussi abrupts. Les marches inégales en augmentent la difficulté. Une demi-heure de grimpette nous attend à travers la forêt. Dans le silence, le craquement des grandes feuilles de teck écrasées sous nos pas couvre notre souffle court.

Quelques branches en travers du sentier nous ralentissent. Oh ! non, elles forcent à une courte pause. Le temps de dégager le passage. Mais pressons-nous, le soleil pointe ses rayons et illumine notre chemin.

En haut, essoufflés, nous savourons cette sensation qui envahit chacun de nous quand on arrive au but.
Une vue splendide s’étale devant nous.
Le fleuve Lamae (คลองละเเม-Khlong Lamae) serpente dans l’immense étendue boisée pour se jeter dans le golfe de Thaïlande.
La mer de nuages
Sorn montre sa déception, les conditions météologiques ne favorisent pas la création d’une mer de nuages (pour en savoir plus). Pas de désillusion pour nous, le paysage nous enchante. Nous resterons là, à contempler le lever du Roi-Soleil jusqu’à l’éblouissement.

Fabienne médite.

La scène me rappelle, évidemment, le « Voyageur contemplant une mer de nuages », un tableau de Caspar David Friedrich, une analyse plus artistique.
Le soleil chauffe l’atmosphère, Sorn est parti en courant dans la pente, il nous indique le chemin opposé, et surprise, il revient nous chercher en voiture, parce que oui c’est accessible par une voie carrossable. Nous éclatons de rire…
Nous reprenons la route avec encore des images rémanentes dans les yeux. Soudain sans mot dire, Sorn bifurque sur une piste, que nous réserve-t-il ? Le pickup démarre une ascension vertigineuse. Les lacets étroits et serrés demandent toute la vigilance de notre ami. Après chaque virage, les relances s’enchainent dans les vrombissements du moteur, le diésel halète (lui aussi). Après deux kilomètres, nous atteignons une esplanade ombragée, bordée de quelques habitations กุฏิ (kuti-cellule), d’un « sala ». Une grande terrasse s’étend devant …

Bouddha impassible contemple le lever du soleil et surveille les va-et-vient dans l’estuaire du fleuve.
Suivons son sage exemple.

Il est 7 h 30, notre estomac crie famine, Sorn l’entend certainement et nous propose des ขนมจาก (Kanom dajk-dessert).
Recette

Réunissez quelques amis, indispensables à la réalisation de cette recette, et facultativement quelques ฝรั่ง (farangs-étrangers), ils ajoutent toujours une dose de bonne humeur et quelques éclats de rire, un peu de farine de riz gluant, du sucre, de l’eau et de la pulpe de coco, mélangez le tout et déposez dans une petite feuille de palmier…

Pliez et scellez avec une aiguille en bambou.

Attention ! Ça pique.

Passez quelques minutes au barbecue

Retournez

Quand une bonne odeur se dégage, c’est prêt. Désolé, tout à ma dégustation, j’oublie la photo du produit fini. (~_°)
Le mélange harmonieux du croquant du caramel, de l’onctuosité du riz parfumé au coco, le léger goût de fumée et de la feuille de palmier parachèvent cette œuvre d’art culinaire.
Nous voulons en acheter d’autres, nous nous heurtons à un refus catégorique. Pas d’argent, juste le plaisir de se régaler d’un petit déjeuner commun dans le « sala ». (Sur la structure d’un temple ici).
Discrètement, nous déposerons un don.
Un joyau
Sorn, quant à lui, nous a offert bien plus qu’une excursion, avec des paysages magnifiques, ou des instants de partage et de contemplation, il nous prodigue sa générosité qui reflète sa personnalité énergique et créative.
Il nous rappelle l’importance de profiter des petites joies de la vie, de l’amitié, et de les savourer simplement, comme des merveilles.
C’est une invitation à se laisser porter par la poésie du monde qui nous entoure et à s’extasier face à chaque lever de soleil, même lorsque les conditions ne sont pas parfaites.
Nous avons fait bien plus qu’une promenade, nous avons gouté au plaisir et la gratitude qui se cache dans chaque instant. Un joyau**…
*Double exposition : La double exposition (ou surimpression) est un procédé qui permet de superposer deux images prises à deux moments différents pour n’en faire qu’une seule. (clic sur le texte souligné pour retourner à la lecture)
** Vous avez vous aussi envie de cette expérience, nous partageons cette adresse. Quelques photos supplémentaires ici
Joli travail !Belles images! Que la paix du Bouddha soit avec vous pour toujours !
Pierre, « toujours » c’est un peu trop long pour moi, « longtemps », me conviendrait mieux. Vous avez dit : « impermanence »…
C est toujours un plaisir de voyager avec tes textes et tes photos… J ai été également très sensible à la série « Nettement flou » et mon coup de coeur va à la photo lumineuse des pavés moussus lors de votre ascension dans la forêt. Continue de nous enchanter et merci.
Magali, beaucoup de photos de l’article sont de notre ami Sorn, les pavés sont photographiés lors de la saison des pluies. Il a vraiment un très bon œil. Merci pour ton message, bon été.
Coucou, encore un beau « joyau de douceur « !! Merci !! En effet prendre le temps, profiter de chaque moment, et de toutes les belles rencontres qui se présentent à nous .
Merci Martine, tes impressions nous sont précieuses…
Ce sont des merveilleux souvenirs qui me donnent l’envie de retourner voir le soleil se lever dans cette ambiance pleine de douceur