GPS dans les choux1
Où l’on voit mon GPS faire des siennes…
Conduire avant
Lors de mes premiers voyages, début 2000, pour conduire sur les routes, nous utilisions ceci :
Vous vous souvenez pour l’ouvrir, c’était facile, puis nous devions l’orienter.
Les problèmes continuent pour la replier, parce qu’évidemment le vent se levait, gonflait la carte, et elle te mettait une claque puis se transformait en chapeau.
Pourquoi cette manie d’écrire de plus en plus petit, au fil des ans ?
Ce mystère m’a poussé à abandonner ce mode de navigation.
En route
Le soleil se lève et dans la douceur du matin, nous quittons le majestueux Mékong et ses reflets dorés avec l’esprit empli de souvenirs.
Témoins de l’hiver tropical, nous croisons beaucoup de motocyclistes emmitouflés dans leurs doudounes, en cette fin de saison des pluies, le froid sévit encore.
Fabienne a entendu parler d’un village qui prône l’autosuffisance. Poussés par la curiosité, nous partons à sa découverte, cette quête nous semble noble.
Des recherches hâtives nous fournissent une adresse, insérée avec confiance dans notre GPS. Nous prenons le chemin pour 38 km. Malgré la bonne santé du réseau routier thaïlandais, le gouvernement engage une vaste campagne de rénovation avec une attention particulière pour les ouvrages d’art et l’élargissement des voies principales. Une vigilance est requise sur les autoroutes, parsemées de nombreux chantiers actuellement.
Nous n’aimons pas la climatisation. Nous roulons les vitres ouvertes pour profiter ainsi du chant des oiseaux, des cris joyeux des enfants dans la cour de leur école ou des odeurs de la forêt que nous traversons, de vrais petits plaisirs simples.
Surprise
La voix artificielle interrompt la conversation de Fabienne, parce que oui, le GPS prend systématiquement ce malin plaisir. Écoutez donc…
Nous voilà sur un chemin de terre qui coupe des rizières et des champs de cannes à sucre, une seule maison devant nos yeux, visiblement, dans les choux, notre GPS, enfin plutôt dans le riz.
Ah, j’aime la douce ironie de la technologie !
GPS
Généralement Problèmes Systématiques
Erreur N° 1
Je suis perdu
Félicitations, le prix du meilleur touriste égaré vous revient de droit !
Profitez du calme de la nature, admirez les herbes hautes et discutez avec quelques rats de rizière.
Pour un retour à la civilisation, cherchez un panneau et priez
– pour une écriture en alphabet latin
– pour que votre GPS vous ramène sur le droit chemin.
Erreur N° 2
La complexité de l’écriture locale ajoute une autre couche de défi, avec ses 44 consonnes, 32 voyelles et 6 accents, difficilement transposable vers le latin. La recherche d’une adresse précise devient un véritable casse-tête.
Qui plus est, pour les interprètes, certaines lettres changent en fonction de leurs places dans le mot et certains phonèmes entre les consonnes ne se notent pas.
Par exemple, บ้าน (village) se métamorphose en « ban », « baan », « bàn », et Koh (île) se décline en « kho », « ko », « koh »… une vraie énigme pour les non-initiés !
Erreur N° 3
Rechercher son itinéraire assis au volant
Par manque d’attention, tu oublies la petite case. Résultat ton GPS, grand amateur de paysages pittoresques, pense que vous apprécierez sûrement la vue sur les buffles et les campagnes. Ne soyez pas surpris si vous finissez par vous retrouver dans une ferme pédagogique !
Erreur N° 4
Écouter aveuglement les consignes
Votre GPS a peut-être des tendances bipolaires et aime jouer avec vos émotions. Il veut vous tester, vous mettre à l’épreuve, vous faire douter de vos capacités à prendre vos propres décisions. Ignorez-le et continuez à suivre votre instinct.
Erreur N° 5
Rechercher le signal
Malheureusement, votre GPS est parti en vacances et a oublié de vous prévenir. Tentez d’attirer son attention avec quelques danses tribales ou en lui chantant une chanson. Sinon, sautez dans la voiture la plus proche et espérez que le conducteur ait un bon sens de l’orientation.
Bref, nous sommes perdus. Mais ne vous inquiétez pas, l’aventure ne fait que commencer !
Demander son chemin
J’aperçois une dame sans âge, regard curieux, elle étend son linge au soleil, je tente de lui demander mon chemin.
J’ai dû parler avec LE bon accent :
— มันง่ายมากไปทางขวาอีก1กมเลี้ยวขวาไป1กมก็จะถึงแล้ว2 me répond-elle ?
( Remarque : pas d’espaces entre les mots écris, et à attendre les Thaïs, j’ai souvent l’impression qu’il n’y en a pas non plus à l’oral.) Écoutez donc :
– Euh, oui (° o°) ?? (J’ai réussi à capter un bout) เลีย้ วขวา (à droite) – เลีย้ วขวา je répète l’air interrogatif.
— ใช่ง่ายๆเลี้ยวขวาไป1กมเลี้ยวขวา1กมก็ถึงแล้ว3.
Le « oui » que j’entends et me conforte puis je saisis « un kilomètre ».
— ขอบคุณครับ ขอบคุณมากครับ4
Demi-tour, un kilomètre, deux kilomètres, trois kilomètres plus tard, enfin une première option s’offre, un portail, une entrée, nous engouffrons la voiture.
Nouvelle erreur
Le soleil tape fort sur le tarmac, dans l’air chaud. Deux sentinelles stoïques et armées, devant leurs guérites en béton, surveillent l’entrée. On ressent immédiatement le poids de la discipline et de l’ordre dans cette ambiance contractée et solennelle.
Ce n’est pas l’endroit que nous cherchons. Nous avançons prudemment, et un large sourire illumine leurs visages lorsqu’ils nous lancent un joyeux « Hello! ».
Ouf de soulagement ! L’atmosphère tendue de la caserne s’efface comme par magie face à cet accueil chaleureux.
Je leur demande s’ils connaissent ce fameux village, la barrière de la langue, une nouvelle fois, provoque des fous rires gênés.
Un homme d’environ 30 ans, buriné par le soleil, athlétique et au regard noir approche vivement. Ses talons résonnent sur le goudron chauffé à blanc. Son uniforme aux plis réglementaires transmet ce message de rigueur militaire, ses galons sur ses épaules en imposent. Il se tient droit et immobile, l’air sérieux et autoritaire. Sa voix forte et claire ne laisse aucun doute quant à son pouvoir. Sans hésiter, il réquisitionne une moto et nous fait signe de le suivre.
Escortés par l’armée, nous quittons la caserne.
Bon, d’accord, j’exagère un peu – mes origines franco-vietnamiennes marseillaises me font parfois voir les choses en grand, mais quand même, l’armée !
Enfin à destination
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à destination, juste le temps de lui dire merci, le voilà parti.
Un attroupement, devant un magasin, attire notre attention et déclenche une irrésistible envie de savoir pourquoi !
Dans ce joyeux bazar, on trouve des couteaux, des bassines, des casseroles, des woks et du fil à étendre, la droguerie de mon enfance.
En sortant, nous croisons par hasard, Stéphanie qui se propose de nous servir de guide pour visiter son village, le sujet de notre prochain article se profile. Pour ne pas le manquer, inscrivez-vous !!
Dans l’imprévu de nos voyages, de nouvelles amitiés se tissent et d’originales aventures se dessinent.
- Ceux qui connaissent tout du miracle de la vie, savent que ce sont les bébés mâles qui naissent dans les choux, tandis que les filles viennent dans les roses.
Alors pourquoi envoie-t-on sur les roses quelqu’un qui nous a mis dans les choux ?
Et puis comment peut-on assimiler cet excellent légume à un échec ou une situation embarrassante ?
Eh bien en cause de la paronymie entre « les choux » et « é-chou-er », le tout premier sens de cette expression qui semble dater de la deuxième moitié du XIXe siècle. Source ↩︎ - C’est très simple, allez à droite pendant encore 1 km, tournez à droite pendant encore 1 km et vous y êtes. ↩︎
- Oui c’est facile, tournez à droite et faites 1 km, tournez à droite 1 km et vous y êtes ↩︎
- Merci merci beaucoup. ↩︎