Soleil ดวงอาทิตย์ (dounhatit)
Poésie
Quel divin créateur
Dans son atelier des hauteurs
Pourrait, d’un trait enchanteur,
Peindre ce chef-d’œuvre de splendeur ?
L’ange, gardien discret
De ce tableau secret
Dévoile un monde parfait
Crépuscule doré
Espoirs en sommeil lovés
Promesses de se retrouver
La nuit crée la lumière
La nuit nos âmes s’éclairent
Dans la lumière stellaire
À l’aube renaissante
Ciel aux teintes changeantes
Rose, azur, violet dansant
Tes yeux s’éveillent, étincelants
Tableau infini, enivrant
Le jour crée la lumière
Le jour crée nos vies éphémères
Figer l’instant présent
Un selfie, du temps témoin éloquent
« La valeur n’attend point les années »
Corneille, de sagesse, inspiré
J’écris ces mots, des nuages nés
Par la mer d’Andaman, bercé
Sur la plage de Hat Ya Nui
Où ciel et mer se marient, infinis
D’autres vues du soleil levant
Nous attendant patiemment
Laissons-nous emporter
Par cette éphémère beauté.
Nous venons de nous promener dans mes hallucinations poétiques, dans mes songes, une manière pour moi de me peindre, non ?
En parlant d’égoportrait, passons du sublime au ridicule ou est-ce l’inverse, avec un sujet qui fait fureur :
Le selfie
Après tout, pourquoi laisser le soin de peindre notre tableau à un divin créateur quand on a un smartphone à portée de main ?
Pour qui, pourquoi, pour quoi ?
Il est devenu un symbole de notre culture numérique, mais quelles sont ses véritables motivations ? Est-ce juste du nombrilisme ou un moyen plus profond de communiquer ?
Narcissisme ou quête d’authenticité ?
On considère souvent ce comportement comme égocentrique. Toutefois, il peut refléter une manière d’affirmer son identité, de préserver un instant précis ou encore de mettre en évidence sa version idéale. On a tendance à supprimer la photo qui ne nous plaît pas, ce qui révèle notre désir de paraître irréprochable. Cet outil sert également à obtenir l’approbation des autres, et il peut contribuer à combattre certaines insécurités.
Finalement, nous possédons le miroir magique de Blanche-Neige, sauf que, cette fois, c’est nous qui décidons de la plus belle.
Une mode passagère ou une nouvelle habitude ?
Le selfie n’est pas réservé aux jeunes, c’est une pratique répandue dans toutes les populations. Il permet de présenter une image de soi souvent plus flatteuse, de temps en temps, que la réalité, grâce à un original exercice de gym facial universel. Tout le monde s’y met soit pour partager un moment ou s’amuser, des bébés faisant la moue aux aînées qui tricotent.
Expression de soi ou création ?
Le selfie devient une forme de langage visuel. Les gens inventent une version idéalisée d’eux-mêmes, en adoptant des poses stéréotypées, exposant leur visage et leur tenue. C’est une façon de se transformer, ne serait-ce que temporairement, même si l’on ressemble à Donald Duck après une séance chez l’esthéticienne.
Les filtres : entre embellissement et risques
Les filtres revêtent une grande importance dans l’univers des selfies. Ils permettent de modifier les couleurs, d’ajouter des effets, voire de changer complètement l’apparence. Ils s’avèrent amusants, mais à trop les utiliser, ils créent une image fausse de soi. Cela peut accroître la pression sociale, diminuer l’estime de soi et entraîner une dépendance à sa représentation retouchée. Ils peuvent donc renforcer des idéaux de beauté irréalistes, ce qui peut avoir des conséquences négatives, surtout chez les jeunes.
On risque de devenir méconnaissable, à force de filtres, même pour son propre smartphone !
Cette quête de perfection virtuelle soulève une question plus profonde, que j’ose résumer ainsi :
Beauté qui s’enfuit
Le filtre efface les ans
Qui suis-je vraiment ?
Quand les mots ne suffisent plus
Les mots semblent parfois insuffisants pour décrire nos émotions, dans un monde rempli d’images.
Les selfies comblent un manque en offrant une solution rapide de partager nos sentiments. Il devient un puissant moyen de communication non verbale. Mais un sourire peut révéler une vraie joie ou cacher une tristesse, ainsi des perceptions complexes peuvent naître.
Face aux cent mille termes du Grand Robert, cette mode propose de résumer notre état d’âme en un simple clic… et quelques retouches artificielles, voire à la combinaison d’éléments et un hastag bien choisi.
Cette métamorphose en puzzle émotionnel, où chaque observateur projette sa propre interprétation, crée un paradoxal dialogue. Où se situe alors la véritable expression de soi ?
Un nouveau langage visuel
Les selfies et les émojis représentent une nouvelle forme de transmission visuelle. Ils permettent d’exprimer des émotions, de raconter une histoire ou de capturer un instant. Néanmoins, il laisse la porte à de différentes interprétations.
Cela pourrait devenir la principale façon de communiquer comme les Égyptiens avec leurs hiéroglyphes, version 2.0 !
Où, quand, comment ?
On peut en prendre n’importe où : dans des lieux ordinaires ou insolites, seul ou avec d’autres, à tout moment.
Restons vigilants, la vie ne tient qu’à un selfie !
Chaque image ouvre une fenêtre sur un instant qui ressuscite à l’envie, plus ou moins réelle. Les filtres et les effets peuvent embellir et ajouter une touche « créative » à ces images avec plus ou moins de réussite.
Un phénomène mondial
Le selfie va au-delà d’une tendance : c’est un phénomène social, un nouveau langage utilisé sur les réseaux pour attirer l’attention, marquer sa présence à un événement ou garder un souvenir.
Finalement, ces images reflètent-elles notre véritable identité ou une représentation idéalisée dans un monde de plus en plus virtuel ?
J’ai photographié plusieurs fois, au cours de mon voyage, des adeptes par exemple, ici ou là.
Je dirais pour conclure : « Je selfie, donc je suis ! »